Décarbonation : quel impact sur les diagnostics de performance énergétique ?

14 Mai 2025 | Diagnostiqueur immobilier, Transition écologique

décarbonation

Le secteur du bâtiment représente environ 37 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et consomme jusqu’à 50 % des matériaux extraits. Face à ce constat, la décarbonation du bâtiment s’impose comme une priorité pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, objectif fixé par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) en France. Comment se positionner en tant que diagnostiqueur immobilier ? Dans cet article, Batiprix vous présente les enjeux et les bonnes pratiques à adopter pour inscrire votre activité dans la transition énergétique

 

La décarbonation dans le contexte du bâtiment 

Définition 

La décarbonation dans le secteur du bâtiment vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre tout au long du cycle de vie des bâtiments, de la construction à la démolition.  

Les objectifs poursuivis 

La France s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2040 par rapport à 1990. Un objectif fixé par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), qui constitue la feuille de route climatique du pays.  

Dans cette dynamique, la réglementation environnementale RE2020 constitue un levier majeur de transformation du secteur du bâtiment. Depuis 2022, elle impose aux constructions neuves une baisse significative de leur empreinte carbone, avec une réduction progressive de 30 % des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2025.  

Les leviers pour décarboner le bâtiment 

La feuille de route de décarbonation de la filière bâtiment identifie 25 leviers, répartis en 5 axes : 

  1. Réduire l’impact de la production des composants du bâtiment : privilégier des matériaux à faible empreinte carbone, issus de filières locales ou recyclées, et limiter les procédés industriels très énergivores. 
  1. Construire avec exemplarité dans le neuf : adopter une conception bioclimatique, optimiser l’enveloppe thermique et intégrer des systèmes énergétiques performants et sobres, dès la phase de projet. 
  1. Améliorer la performance de l’existant : réaliser des rénovations globales et cohérentes, incluant isolation, chauffage, ventilation, avec un objectif d’efficacité énergétique maximale et de réduction des émissions sur le cycle de vie. 
  1. Faire preuve de sobriété dans l’usage des bâtiments : limiter les besoins énergétiques par des gestes simples et des équipements adaptés. 
  1. Déployer des mesures transverses : renforcer la formation des professionnels, développer les outils d’évaluation carbone et intégrer les critères environnementaux dans les appels d’offres publics et privés. 

 

Décarbonation et diagnostics de performance énergétique : quelles interactions ? 

Le DPE, un diagnostic énergétique mais aussi environnemental 

La diagnostic de performance énergétique (DPE) évalue la performance énergétique et climatique d’un logement ou d’un bâtiment, selon des étiquettes de A à G. Depuis sa réforme en 2021, il repose sur deux volets distincts : 

  • la performance énergétique : elle mesure la consommation d’énergie primaire du logement (chauffage, eau chaude sanitaire, refroidissement, éclairage, ventilation) ; 
  • la performance climatique : elle évalue les émissions de gaz à effet de serre générées par ces consommations. Ainsi, un logement chauffé au fioul ou au gaz sera pénalisé, même s’il consomme peu d’énergie. La raison ? L’impact carbone des énergies fossiles utilisées. 

La plus mauvaise de ces deux performances constitue la note finale du DPE. 

DPE et audit énergétique : des diagnostics complémentaires 

L’audit énergétique est obligatoire : 

  • depuis le 1er avril 2024 pour la vente de maisons individuelles ou d’immeubles classés F ou G ; 
  • depuis le 1er janvier 2025 pour les biens classé E.  

Cet audit va au-delà du DPE, en proposant des scénarios de rénovation concrets, chiffrés et hiérarchisés.  

Contrairement au DPE, qui fournit un état des lieux énergétique et climatique, l’audit s’inscrit dans une logique « projet ». Il guide les propriétaires vers des choix cohérents avec les objectifs de décarbonation et évalue la pertinence de différentes solutions (isolation, systèmes de chauffage, ventilation), en estimant leur impact carbone, leur coût et leur faisabilité.  

Le rôle crucial des diagnostiqueurs immobiliers 

Les diagnostiqueurs immobiliers sont au cœur de la transition énergétique. Ils doivent intégrer les pratiques de décarbonation dans leurs diagnostics, en évaluant non seulement la performance énergétique, mais aussi l’impact environnemental des bâtiments. Comment répondre à ces défis ? 

 

Diagnostiqueurs immobiliers : 4 bonnes pratiques pour répondre aux enjeux de décarbonation  

1. Identifier les indicateurs carbone pertinentes 

Commencez par identifier les indicateurs carbone pertinents, tels que les émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment. L’analyse du cycle de vie (ACV) fait partie des outils clés pour évaluer cet impact global, de la production des matériaux jusqu’à la démolition.  

D’autres indicateurs peuvent également être pris en compte dans le cadre du DPE ou de l’audit énergétique : 

  • l’énergie grise, c’est-à-dire l’énergie nécessaire à la fabrication, au transport et à la mise en œuvre des matériaux ; 
  • l’indicateur de potentiel de réchauffement global (GWP) ; 
  • l’empreinte carbone totale en kgCO₂e/m².an.  

Le choix des bons indicateurs se fait au cas par cas, en fonction des spécificités du bâtiment et des objectifs du diagnostic. Par exemple, un logement ancien mal isolé portera une attention particulière à l’énergie gris des matériaux de rénovation. Dans un bâtiment neuf, il faudra surtout optimiser le GWP global sur 50 ans. 

2. Valoriser les bâtiments « décarbonés » dans le DPE 

Les diagnostiqueurs peuvent valoriser les bâtiments « décarbonés » qui comportent les éléments suivants : 

  • utilisation de matériaux biosourcés ou recyclés (bois certifié, chanvre, ouate de cellulose, etc.) ; 
  • recours à des systèmes de chauffage et de production d’eau chaude sanitaire bas carbone (pompe à chaleur, chaudières à granulés, solaire thermique) : 
  • intégration d’énergies renouvelables (photovoltaïque, solaire thermique, bois énergie) ; 
  • performance de l’isolation thermique (notamment si les matériaux isolants sont peu émissifs en CO₂) ; 
  • sobriété des usages et des équipements (ventilation naturelle, gestion passive des apports solaires) ; 
  • durabilité et la réversibilité des composants du bâtiment ; 
  • réduction de l’énergie grise et de l’empreinte carbone sur le cycle de vie. 

De quoi mieux informer les propriétaires et les acheteurs sur les performances environnementales globales, au-delà des seuls indicateurs classiques du DPE. 

3. Se former sur la réglementation et les solutions bas carbone  

Dans un contexte très mouvant, les diagnostiqueurs doivent rester à la pointe de l’information. Plusieurs organismes proposent des parcours adaptés : 

  • AFNOR dispense des formations certifiantes sur le DPE avec mention, incluant les dernières évolutions liées à la RE2020 et à la SNBC ; 
  • le CSTB Formations aborde l’analyse du cycle de vie, les matériaux biosourcés et les méthodes d’évaluation environnementale ; 
  • l’ADEME publie régulièrement des ressources pédagogiques sur la rénovation énergétique bas carbone. 
  • les MOOC (cours en ligne), comme ceux proposés par l’Université des métiers de l’énergie (UME), pour accéder à des contenus techniques sur les solutions bas carbone. 

Ces formations permettent aux diagnostiqueurs de mieux intégrer les notions de décarbonation, d’analyse du cycle de vie (ACV) et de performance environnementale dans leurs pratiques professionnelles. 

4. Utiliser des outils compatibles avec les enjeux carbone 

L’utilisation d’outils compatibles avec les enjeux carbone, tels que des logiciels intégrant l’ACV ou des bases de données environnementales comme INIES : indispensable pour réaliser des diagnostics précis et conformes aux exigences réglementaires ! 

À ce titre, Batiprix constitue une ressource précieuse pour les diagnostiqueurs. Sa bibliothèque de prix couvre l’ensemble des corps d’état. Régulièrement mise à jour, cette solution chiffre de manière fiable tous les scénarios de rénovation. D’ailleurs, les logiciels comme Batiprix Web ou Batiprix Data facilitent l’intégration des coûts liés aux solutions bas carbone, en intégrant les fournitures, la main-d’œuvre et les équipements. De quoi gagner du temps et renforcer la fiabilité de vos diagnostics ! 

 

 

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