Face aux enjeux climatiques et aux évolutions réglementaires qui en découlent, la décarbonation du bâtiment est devenue une priorité en 2025. Les projets de construction et de rénovation doivent intégrer des pratiques permettant de réduire l’empreinte carbone tout en assurant performance et durabilité. Quel est le rôle du maître d’œuvre dans cette transition ? Cet article décortique la question et vous présente des solutions concrètes pour décarboner efficacement vos projets.
Comprendre les enjeux de la décarbonation du bâtiment
Le bâtiment, un secteur très émetteurs de carbone
Le secteur du bâtiment est l’un des plus gros contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre (GES). En France, il représente près de 25 % des émissions de CO2. Ces dernières proviennent principalement de :
- la fabrication des matériaux de construction (béton, acier, verre, etc.) ;
- l’exploitation des bâtiments (chauffage, climatisation, éclairage) ;
- la gestion des déchets de chantier et des démolitions.
Face à ce constat, la transition vers des solutions décarbonées s’impose pour réduire l’impact environnemental du secteur et améliorer la performance énergétique des bâtiments.
Les actions du gouvernement en faveur de la décarbonation du secteur du BTP
Plusieurs initiatives déployées par les pouvoirs publics visent à accompagner la transition écologique du bâtiment :
- la Réglementation environnementale 2020 (RE2020) : elle impose des exigences accrues en matière de performance énergétique et d’empreinte carbone pour les constructions neuves ;
- le diagnostic de performance énergétique (DPE) obligatoire et le gel des loyers des passoires thermiques ;
- les aides financières : MaPrimeRénov’ et MaPrimeRénov’ Parcours accompagné, certificats d’économies d’énergie (CEE), éco-prêt à taux zéro, etc.
- les labels et certifications : HQE (haute qualité environnementale), BBCA (bâtiment bas carbone), E+C- (bâtiment énergie positive et réduction carbone) ;
- le développement du recyclage des matériaux et de l’économie circulaire pour limiter l’extraction de nouvelles ressources.
Comment calculer l’empreinte carbone d’un bâtiment ?
Le bilan carbone
Le bilan carbone permet d’évaluer les émissions de GES d’un bâtiment tout au long de son cycle de vie. Il prend en compte toutes les sources d’émissions :
- la fabrication des matériaux et leur transport ;
- l’exploitation du bâtiment (consommation d’énergie, maintenance) ;
- la fin de vie des matériaux et le recyclage.
Des outils comme la méthodologie Bilan Carbone® de l’Ademe ou les logiciels d’analyse environnementale aident à quantifier ces émissions et à identifier les leviers d’action.
L’analyse du cycle de vie (ACV)
L’analyse du cycle de vie (ACV) est une approche complémentaire au bilan carbone. Elle vient évaluer l’impact environnemental d’un bâtiment sur toute sa durée de vie. Elle repose sur 4 étapes :
- extraction et production des matériaux ;
- construction et mise en œuvre ;
- exploitation et maintenance ;
- fin de vie et recyclage.
L’ACV aide ainsi à choisir les matériaux et les techniques de construction les plus vertueux.
Décarbonation du bâtiment : 6 leviers à mettre en place dans un projet MOE
1. Optimiser la conception et la gestion du chantier
La conception bioclimatique réduit les besoins énergétiques des bâtiments. En exploitant au mieux les apports naturels, comme la lumière et la chaleur du soleil, il est possible de minimiser la consommation d’énergie. Une approche à intégrer dès la phase de conception !
Par ailleurs, le BIM (building information modeling) vous aide à optimiser l’analyse du cycle de vie du bâtiment en simulant ses performances environnementales et en identifiant les meilleures solutions techniques.
Enfin, la préfabrication et la construction modulaire représentent une opportunité intéressante pour les maîtres d’œuvre. Leur objectif ? Réduire les déchets de chantier et contrôler l’empreinte carbone liée au transport des matériaux.
2. Privilégier les matériaux décarbonés
Les matériaux utilisés dans la construction ont un impact direct sur l’empreinte carbone du bâtiment. Et ce, tout au long de son cycle de vie ! Entre la réinvention des matériaux traditionnels et les innovations techniques, il existe de nombreuses alternatives :
- le béton bas carbone : il intègre des composants comme le laitier ou la pouzzolane, qui réduisent significativement les émissions de CO2 liées à sa production ;
- les matériaux biosourcés, comme le bois, le chanvre, la paille ou la terre crue : ils favorisent un stockage durable du carbone et réduisent la dépendance aux ressources fossiles ;
- les matériaux recyclés, comme l’acier, le verre ou certains isolants issus du recyclage : ils contribuent à réduire l’extraction de matières premières et à prolonger le cycle de vie des matériaux.
3. Améliorer l’efficacité énergétique du bâtiment
L’amélioration de l’efficacité énergétique passe avant tout par une isolation performante. L’utilisation de matériaux à forte inertie thermique stabilise les variations de température et réduit les besoins en chauffage et climatisation.
Bien sûr, il faut aussi envisager des solutions de chauffage performantes et écologiques, comme la chaudière à condensation, la pompe à chaleur ou le poêle à bois !
La ventilation joue elle aussi un rôle clé : les systèmes de ventilation mécanique contrôlée (VMC) optimisent le renouvellement de l’air et limitent les pertes énergétiques.
Enfin, l’intégration de solutions domotiques assure une gestion intelligente des consommations, en adaptant en temps réel les usages énergétiques aux besoins du bâtiment.
4. Miser sur les énergies renouvelables
L’intégration des énergies renouvelables : une solution incontournable pour réduire l’empreinte carbone d’un bâtiment.
Vous pouvez par exemple envisager l’installation de panneaux photovoltaïques pour une production d’électricité propre, ou de panneaux thermiques pour chauffer l’eau chaude sanitaire (ECS). Un investissement rentable sur le long terme !
Et pour le chauffage ? En France, le bois est considéré comme une source renouvelable car il provient généralement de forêts gérées durablement. Un appareil de chauffage au bois peut être associé à une pompe à chaleur (PAC), qui récupère la chaleur de l’air ou du sol. À la clef : un excellent rendement énergétique.
5. Collaborer avec des professionnels qualifiés
Travailler avec des experts du bâtiment engagés dans la transition écologique : un levier fondamental pour garantir une approche performante de la décarbonation. Faites appel à des artisans labellisés RGE (reconnu garant de l’environnement) pour profiter d’une expertise ciblée et faire bénéficier vos clients d’aides financières.
Enfin, collaborez avec des fournisseurs qui disposent de déclarations environnementales de produits (FDES). De cette manière, vous serez certain de choisir des matériaux conformes aux objectifs de réduction de l’empreinte carbone !
6. Intégrer le coût carbone dès le chiffrage
L’anticipation de l’impact carbone d’un projet de bâtiment passe par une prise en compte de ces questions dès la phase de chiffrage. Pour cela, la base INIES sera votre meilleure alliée ! Elle recense les données environnementales et sanitaires des produits et des équipements de la construction pour calculer l’empreinte carbone d’un projet.
L’idéal ? Combiner la base INIES avec une bibliothèque d’ouvrages comme celle de Batiprix. Cette dernière vous permet de chiffrer les travaux rapidement et précisément. Actualisée tous les mois, elle suit l’évolution du prix des matériaux et les nouvelles réglementations. Ces deux solutions complémentaires vous aident à faire les meilleurs choix, en tenant compte des critères économiques comme environnementaux !