Alors que la construction durable devient une priorité, l’utilisation de matériaux biosourcés locaux fait partie des solutions à exploiter pour des projets soucieux de l’environnement. En France, environ 12 % des matériaux de construction intègrent aujourd’hui des composants biosourcés, un chiffre en constante augmentation grâce aux politiques publiques et aux initiatives écoresponsables. Mais comment les maîtres d’ouvrage peuvent-ils intégrer ces matériaux dans leurs projets ?
Les avantages des matériaux biosourcés locaux
Avantages environnementaux
L’utilisation de matériaux biosourcés s’inscrit dans une démarche écoresponsable en raison de leurs nombreux bénéfices écologiques :
- réduction des émissions de CO2 pour leur fabrication ;
- amélioration des performances thermiques et acoustiques du bâtiment ;
- recyclage ou biodégradation en fin de vie.
D’un point de vue local, leur production et leur mise en œuvre préservent la biodiversité, avec un renouvellement rapide des ressources naturelles exploitées.
Avantages économiques
Opter pour des matériaux biosourcés locaux réduit les coûts liés au transport et à la logistique, pour une meilleure rentabilité des projets. En favorisant les circuits courts, les maîtres d’ouvrage participent au renforcement des filières locales et maîtrisent mieux les risques d’approvisionnement.
Par ailleurs, plusieurs dispositifs d’aides et de subventions financent l’utilisation de ces matériaux, ce qui allège l’investissement initial.
Enfin, pour les utilisateurs, ces excellentes performances thermiques et acoustiques améliorent le confort des bâtiments et réduisent la consommation énergétique sur le long terme.
Avantages sociaux et territoriaux
L’adoption de matériaux biosourcés locaux stimule l’emploi local en faisant appel aux artisans, producteurs et fournisseurs de la région. Ces projets requièrent des savoir-faire à la fois traditionnels et innovants. Ils valorisent le patrimoine bâti et les techniques régionales.
Enfin, les bâtiments construits avec ces matériaux bénéficient d’une meilleure image aux yeux des collectivités et des usagers, qui perçoivent ces initiatives comme un engagement fort en faveur du développement durable et de l’ancrage territorial.
Quels sont les matériaux biosourcés locaux disponibles ?
Les matériaux biosourcés issus de la filière bois
Le bois fait partie des matériaux biosourcés les plus utilisés dans la construction en France, notamment grâce à sa disponibilité et à ses performances techniques. Avec 31 % du territoire couvert par des forêts, le pays dispose d’une importante ressource forestière, avec notamment :
- du bois massif local (sapin, pin douglas, chêne) : largement exploité pour la structure, la charpente et les menuiseries, il offre une excellente résistance mécanique et un impact environnemental réduit lorsqu’il est issu de forêts gérées durablement ;
- du bois lamellé-collé régional : apprécié pour ses propriétés structurelles, il est fabriqué à partir de plusieurs couches de bois collées entre elles, pour des portées plus importantes et une grande stabilité dimensionnelle ;
- une isolation à base de fibre de bois locale : obtenue par défibrage du bois, elle est utilisée pour l’isolation thermique et phonique des bâtiments. Elle présente d’excellentes performances et limite les surchauffes estivales.
Les matériaux biosourcés agricoles
Les ressources agricoles fournissent des matériaux performants pour l’isolation et la structure. Leur production contribue au développement de filières agricoles diversifiées :
- chanvre (isolant, béton de chanvre) : cultivé en France avec une production annuelle d’environ 20 000 hectares, le chanvre s’utilise en vrac ou en panneaux pour l’isolation, et sous forme de béton pour les murs ;
- paille (construction, isolation) : présente sur l’ensemble du territoire agricole français, la paille sert dans la construction paille et pour l’isolation thermique des murs et des toitures ;
- lin (panneaux isolants, revêtement) : issu principalement des régions du nord de la France, le lin est utilisé en revêtement ou transformé en panneaux isolants performants.
La terre crue
Matériau ancestral et abondant, la terre crue se retrouve dans diverses techniques de construction adaptées aux spécificités climatiques et géologiques des régions françaises. Elle offre une excellente inertie thermique et une régulation naturelle de l’hygrométrie.
Elle peut servir à fabriquer des enduits écologiques, des alternatives au béton (pisé, torchis ou techniques modernisées comme la terre allégée) ou encore des briques préfabriquées (adobe, BTC). Avec de vraies déclinaisons régionales : il existe ainsi des constructions en pisé dans la vallée du Rhône, en torchis en Normandie ou encore en adobe dans le sud-ouest.
Les matériaux biosourcés d’origine animale
Plus rares, certains matériaux d’origine animale trouvent néanmoins leur place dans la construction, notamment pour leurs performances thermiques et acoustiques :
- laine de mouton (isolation thermique et acoustique) : issue principalement des élevages français, elle est transformée en rouleaux ou en panneaux. Elle assure une isolation efficace, avec une forte capacité d’absorption de l’humidité ;
- plumes de canard (isolation) : recyclées à partir de l’industrie agroalimentaire, elles sont utilisées comme isolant en vrac. Avec, à la clef, de bonnes propriétés thermiques et une excellente respirabilité.
Maître d’ouvrage : comment favoriser l’intégration des matériaux biosourcés locaux dans votre projet ?
Identifier et mobiliser les ressources locales
Le maître d’ouvrage doit adopter une démarche proactive pour identifier les ressources locales disponibles. Il peut s’appuyer sur :
- des bases de données de fournisseurs régionaux ;
- des plateformes collaboratives ;
- des structures spécialisées (chambres d’agriculture, interprofessions du bois, réseaux de la construction durable).
L’intégration des filières locales dès l’avant-projet aide à anticiper les éventuelles difficultés d’approvisionnement. C’est aussi une manière d’ajuster les choix techniques en fonction des ressources disponibles sur le territoire.
Intégrer la réflexion dès la phase de conception
Dès la phase de conception, il faut s’assurer que l’architecte et les bureaux d’études prennent en compte les spécificités des matériaux biosourcés locaux. Cela passe par une collaboration étroite avec des experts du secteur et par l’intégration de ces matériaux dans le cahier des charges, dès les premières esquisses du projet.
Le principal défi à surmonter ? Garantir une flexibilité suffisante dans la conception pour tirer parti des ressources locales lors de la mise en œuvre. Par exemple en adaptant les choix constructifs selon les matériaux biosourcés disponibles sur le marché au moment du chantier.
Anticiper les contraintes logistiques
L’utilisation de matériaux biosourcés locaux nécessite parfois des ajustements logistiques, notamment en raison de leur disponibilité fluctuante ou des conditions spécifiques de stockage et de mise en œuvre. Le maître d’ouvrage doit anticiper ces contraintes :
- en travaillant en amont avec les fournisseurs ;
- en prévoyant des solutions alternatives pour sécuriser l’approvisionnement.
Cette anticipation logistique implique également la mise en place d’une organisation adaptée sur le chantier, avec des formations spécifiques pour les équipes et un suivi rigoureux des livraisons et des stocks.
Communiquer efficacement sur votre démarche
Pour assurer le succès du projet et maximiser son impact, déployez une communication claire et engageante sur l’utilisation des matériaux biosourcés locaux !
Cela peut passer par des actions d’information auprès des entreprises, des collectivités et des futurs usagers du bâtiment.
Parler de ces choix responsables permet non seulement de valoriser le projet, mais aussi d’inciter d’autres acteurs à suivre cette voie. De quoi accélérer la transition du secteur vers une construction plus respectueuse de l’environnement !
Vous l’aurez compris, l’intégration des matériaux biosourcés locaux dans les projets de construction présente de nombreux bénéfices pour la maîtrise d’ouvrage. Un accompagnement ciblé et des outils spécialement dédiés aux professionnels peuvent vous aider dans cette transition.
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